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Nos terribles vies moyennes.
C'est une pension, la première aperçue,
j'ai loué une chambre, peu onéreuse, guère aguichante,
mais quand on a longtemps conduit,
tout espace où dormir devient nécessaire voire sympathique
à partir du moment où il ne sent pas mauvais,
où le bain est possible, avec une eau très chaude.
Le lit est mou, le dos va souffrir, bof, une nuit !
il fallait que je m'arrête, je n'en pouvais plus
de rouler, rouler dans le soleil et déchirant
avec ses arbres nus dans leur festin de lumière,
une clarté ocre brut mélangée de nuit commençante,
ses exceptions de flammèches mêlées d'obscurs en mouvements,
comme un dédale de funambules éclairés de sons universels,
non,... en ombres chinoises ténues et précises à la fois.
Le village s'appelle Mahora, il suffirait d'ajouter
un « i » puis un « s »,( île sanguine et mortifère ),
le village est joli avec ses anciennes maisons,
semblant rappeler celles du Maroc avec ses balcons élégants
et les protections de fer aux fenêtres ouvragées,
pour offrir aussi une belle vue au chaland,
avec ces deux grandes portes de métal, lourdes, lourdes
des métiers qu'on n'a pas choisis, comme des chagrins d'amour,
les solitudes d'Adam pendant qu'Eve vagabonde
et ne se lasse pas d'adorer le ciel.
Pourquoi alors l'avoir tentée,
elle n'avait pas la carrure et s'est laissée séduire,
alors pourquoi la punir, comme nous tous
qui avons mangé la pomme,...le dieu alors en colère,...
il ne nous a pas créés héros au front impénétrable
aux yeux lanceurs de véhémences terribles et puissantes,
l'avait-il programmée pour qu'elle fût vaincue
et toutes les générations suivantes, sous le joug d'un démiurge
sans compassion,qui administrait heureux le cilice aux plus faibles.
Nous avons nos Hercule, nos Cids Campéadores, dans des films
où, seulement spectateurs, avec de faux personnages,
nous pensons compenser, en nous identifiant, nos terribles vies moyennes,
pour nous satisfaire de peu parce qu'on ne peut faire plus.
Pendant que les grands de ce monde festoient indûment,
en se moquant de nous, de la vie qu'ils nous imposent,
eux qui ne sont même pas épiques, d'amers pantins seulement,
chevauchant une Porsche Cayenne ou une bimbo du néant tirée,
eux qui singent les dieux de ce monde, ceux des Livres Saints
et gesticulent trop pour ne rien dire, des poussière de mots
capturés par le vent puis jetés au feu des vanités,
à leur mort elle aussi programmée,
c'est là le seul mérite des trahisons d'Eve et de Dieu,
la mort pour tous et à jamais, même la science pour lors ne peut y remédier.
D'Espagne.
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